24 au 28 mars 2025
Les décisions absurdes sont parfois une manière d’affirmer son pouvoir. Un dirigeant scrupuleux justifie ses décisions par sa compétence, sa lucidité voire sa capacité d’anticipation. A l’inverse, imposer une décision précisément dépourvue de toute justification est une manière achevée de s’affirmer par la force. Un revers est néanmoins toujours possible. Et si les autres n’agissaient pas, en retour, aussi bêtement ? Un pari sur la bêtise reste un pari risqué.
Cette semaine, le président américain a annoncé de nouveaux droits de douane particulièrement pénalisants sur les voitures fabriquées hors des Etats-Unis. Dans une attitude de retenue, en espérant tempérer l’élan « tarifaire » de Donald Trump, l’Union européenne n’a pas encore annoncé sa riposte. Après quelques premiers coups de semonce, la date critique de déclenchement des hostilités, explique l’économiste Denis Tersen, approche rapidement : le 2 avril, nous serons fixés sur l’ampleur de l’offensive américaine. Comment comprendre cette décision de lancer ce que de nombreux économistes, tant Américains qu’Européens, appellent déjà la « guerre commerciale la plus stupide de l’histoire » ? Que peuvent faire les Européens en retour ? L’Union européenne n’est pas dépourvue de capacité de réplique. Encore faut-il l’utiliser au mieux, sans renoncer à nos intérêts ni à nos valeurs et sans pénaliser non plus nos relations commerciales avec le reste du monde.
Contrairement à 2017, où l’on observait l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche comme une anomalie temporaire et un phénomène isolé, on constate cette fois-ci le ralliement au trumpisme de nombreux secteurs économiques, et en premier lieu des patrons milliardaires de la tech. Longtemps présumés ouverts d’esprit et proches des Démocrates, ces nouveaux oligarques, dont Musk est le plus visible et le plus impliqué, offrent aujourd’hui un visage bien différent – et inquiétant. Comment ce ralliement s’est-il effectué ? Est-il une question d’opportunisme ou d’adhésion idéologique ? Le juriste Kamel El Hilali retrace l’histoire d’une convergence en réalité progressive, qui nous renvoie à l’année charnière 2001 et à la tentation autoritaire qui accompagne la révolution numérique depuis ses origines.
En France, c’est avec l’Algérie que le ministre de l’Intérieur a lancé depuis plusieurs semaines un rapport de forces dépourvu de diplomatie. Les conditions de l’émigration algérienne en France sont spécifiques. Elles sont définies dans un document ad hoc signé entre Paris et Alger en 1968 pour mettre fin à la libre circulation qui avait été négociée au moment de l’indépendance algérienne. Depuis plusieurs mois, différents acteurs politiques appellent à une révision de ces accords. Mais que disent-ils au juste ? Offrent-ils aux Algériens des conditions spécialement favorables pour venir en France ? Pourquoi, finalement, se trouvent-ils au centre des controverses actuelles entre l’Algérie et la France ? Revenir aux faits, qui sont têtus, et les analyser sans œillères, tel est le meilleur antidote à la stupidité.
Le Président Trump a l’obsession des « tariffs » et menace d’ouvrir une guerre commerciale sur tous les fronts. L’Europe, programmée selon lui pour « gruger » les États-Unis, fait partie de ses cibles. C’était déjà le cas lors de son premier mandat mais son ambition est aujourd’hui nettement accrue. De premières décisions d’ampleur – au-delà des droits sur l’acier et l’aluminium- devaient être annoncées le 2 avril. Le secteur automobile est déjà clairement ciblé. Comment les Européens doivent-ils réagir à cette nouvelle offensive ?
Les tensions entre Paris et Alger ne cessent de croitre depuis plusieurs mois, accumulant les contentieux principalement autour de la réadmission des Algériens expulsés de France. L’idée de réviser les accords franco-algériens de 1968 est agitée du côté français. Mais ces accords sont-ils vraiment favorables aux Algériens ? Et pourquoi se trouvent-ils au centre de la controverse actuelle ?
Longtemps considérés comme proches des Démocrates, les grands patrons des entreprises de la tech américaine se sont spectaculairement ralliés à Trump, au point de s’engager parfois à ses côtés et de promouvoir son agenda. Comment expliquer ce qui apparaît, à des yeux européens, comme un revirement complet ? Conviction, opportunisme, chantage ? L’histoire récente des relations entre innovation numérique et orientations politiques est plus complexe qu’on ne l’imagine habituellement.
Collectivités locales et réduction des déficits publics : l’impossible débat |
Après le succès de la première édition de « Places de la Démocratie » en 2023, la ville de Nancy et Terra Nova s’associent de nouveau pour mettre en valeur cette année les interrogations autour de la place de la science dans la démocratie. Défiance, incompréhensions, méconnaissances et désinformations interrogent les scientifiques et les responsables politiques sur leur dialogue. Mais la science dans la société, c’est aussi la construction de la connaissance et les progrès partagés. Sans mélanger les rôles ni confondre les responsabilités, comment les décisions politiques peuvent-elles mieux intégrer les connaissances scientifiques ? Comment inciter les scientifiques à prendre la parole publiquement dans un cadre démocratique de décision partagée ?
« Places de la démocratie », les 5, 6 et 7 juin à Nancy, ce sera une série de rencontres et de débats mais aussi des ateliers d’expérimentations où le public sera invité à participer à des exercices démocratiques de décision politique. Réservez votre week-end !
La Grande Conversation est la revue intellectuelle et politique de Terra Nova
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