L’ÉDITO

Répondre à la défiance

Dans un contexte de crise politique, où la défiance semble s’imposer partout, la relation entre la police et la population n’est pas épargnée. Les causes de cet éloignement sont nombreuses. Dans un rapport de Terra Nova, Marie Lajus, Jacques de Maillard et Marc-Olivier Padis appellent à une refondation du lien entre polices et populations. Le rapport critique l’utilisation croissante des forces de police pour des tâches inadaptées, mal définies, dont les effets attendus relèvent avant tout de l’affichage politique. La valorisation d’un style confrontationnel dans le rapport à la population fragilise le lien de confiance pourtant essentiel au travail policier. Le rapport appelle à recentrer l’action policière sur les missions quotidiennes de service rendu au public, à cesser la confusion entre lutte antiterroriste et maintien de l’ordre, à éviter l’exposition disciplinaire et judiciaire des agents par un encouragement à des interventions offensives, et à revaloriser les savoir-faire de proximité en sécurité publique.

Le sentiment de fracture de l’opinion concerne également une défiance vis-à-vis de la science et des paroles d’expert. Or, la contestation de la connaissance scientifique fragilise notre capacité à faire les bons choix collectifs, notamment dans le cadre parlementaire. Au cours des travaux parlementaires précédant le vote de la loi, la place de l’expertise scientifique n’est pas suffisamment établie. Ainsi, les textes d’origine parlementaire, appelés propositions de loi (PPL), ne relèvent pas des mêmes contraintes procédurales que les textes proposés par le gouvernement (projets de loi). En particulier, l’étude d’impact n’est pas obligatoire. Or, dans la nouvelle situation du Parlement, ces textes d’origine parlementaire sont plus nombreux. C’est pourquoi un rapport d’Evidences propose une série de pistes pour renforcer l’expertise scientifique du Parlement. Alors que les élus doivent se prononcer sur des sujets toujours plus complexes, les insuffisances institutionnelles de notre système parlementaire conduisent à des choix ignorant l’état actuel des connaissances, comme on l’a vu avec la loi Duplomb. Il faut tirer les enseignements de cet épisode et renforcer la place de la science dans l’écriture de la loi.

PUBLICATION DE LA SEMAINE

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