28 octobre au 1er novembre 2024
L’intensité des menaces proférées par Donald Trump contre la vie démocratique américaine a éclipsé les débats de fond sur les programmes. Il a notamment étouffé le débat interne à la gauche sur les positions de Kamala Harris. De fait, les conditions minimales d’un authentique débat démocratique ne seraient plus garanties si Donald Trump l’emportait le 5 novembre. Comment la gauche américaine a-t-elle vécu cette campagne qui lui impose une sorte d’unanimisme derrière sa candidate ?
A quelques jours du vote décisif aux Etats-Unis, nous poursuivons notre exploration des grands enjeux de l’élection américaine. Le changement de candidat démocrate à la fin de l’été a redonné un élan à la campagne. Kamala Harris a redonné l’espoir à son camp et a cherché à convaincre les indécis. Son positionnement politique, explique James Cohen, est loin de satisfaire l’aile gauche de son parti, que ce soit à propos du la frontière mexicaine, de la lutte contre les monopoles ou de la Palestine. Au risque d’être lâchée par les plus radicaux des démocrates ?
Que dit exactement le programme économique de Kamala Harris et comment le situer par rapport aux autres programmes de gauche ? La concomitance, à quelques mois d’écart, des élections législatives en France, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis donne une occasion unique de lire en parallèle les programmes des démocrates américains et des travaillistes britanniques et de les comparer à celui du Nouveau Front Populaire. L’attention portée à la production de richesse, à l’innovation et à la compétitivité, qui justifie par exemple des projets d’investissement public dans les infrastructures et la réindustrialisation, est un point commun fort entre Américains et Britanniques, surtout en comparaison avec le projet français.
En France, le débat budgétaire en cours appelle des choix difficiles. Le gouvernement avait, dans un premier temps, envisagé de retarder l’indexation des retraites de quelques mois. La mesure aurait pu permettre d’économiser 15 milliards d’euros au 1er janvier 2025. Très contestée, la proposition a rapidement disparu des projets du gouvernement. Mais aurait-elle été injuste ? Les économistes Maxime Sbaihi et Erwann Tison aident à y voir plus clair en décrivant les effets de notre système de retraites du point de vue de l’équité entre générations. La génération des baby-boomers tire aujourd’hui un avantage disproportionné de ce système, qui justifie de leur demander une contribution substantielle au redressement des comptes publics.
Autre grand compromis social à reconstruire : le partage des priorités entre citoyens et consommateurs devant le défi de la décarbonation de notre économie. Pour réussir la transition verte et maintenir notre autonomie stratégique, nous devons à la fois réindustrialiser et réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Julien Marchal montre que ces deux projets doivent être menés ensemble pour avoir une chance de réussir. Mieux : c’est parce qu’ils sont dépendants l’un de l’autre qu’ils peuvent être mobilisateurs.
Peut-on à la fois répondre au risque de la désindustrialisation et aux impératifs de la transition verte ? Pour protéger l’environnement, nous pouvons simultanément nous réindustrialiser et engager toute la société dans un projet de décarbonation porteur d’avenir. Mais il ne faut pas cacher que cette mutation a un coût. Comment le consommateur-citoyen peut-il s’approprier ce projet ambitieux de la transition ?
La difficile équation budgétaire de cet automne a relancé le débat sur la contribution des retraités aux efforts d’économie. Le gouvernement s’est notamment interrogé sur l’opportunité de reporter l’indexation des retraites de quelques mois. Une telle mesure serait-elle injuste ? Pour le savoir, il faut revenir sur les bénéfices que la génération aujourd’hui en retraite tire du système au regard des autres générations, notamment plus jeunes.
La concomitance au cours de l’année 2024 de scrutins décisifs au Royaume-Uni, aux Etats-Unis et en France offre l’occasion de comparer les programmes économiques des partis progressistes de part et d’autre de l’Atlantique et de la Manche. Cet exercice met en exergue les singularités de la gauche française, notamment son manque d’intérêt pour la production de richesse, l’innovation et la compétitivité.
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