31 mars au 4 avril
La stratégie de notabilisation du Rassemblement national s’est heurtée cette semaine à la fureur exprimée par les partisans de Marine Le Pen après sa condamnation pour détournement de fonds publics. Cette manière de politiser la lecture du jugement permet de détourner le regard du fond du dossier et de se donner une contenance dans l’adversité. Mais cette mise en cause brutale de l’État de droit n’est pas acceptable et disqualifie ceux qui s’y livrent.
La condamnation de Marine Le Pen dans l’affaire des assistants parlementaires du FN au Parlement européen a suscité de violentes réactions. Pour sa défense, le parti a tenté de minimiser les faits puis de politiser le procès. Cette stratégie s’est révélée peu opérante et a même conduit la juge à considérer que Marine Le Pen cultivait une forme de déni, laissant craindre un risque de récidive, justifiant l’application immédiate de la peine d’inéligibilité. Reprenant l’éternelle accusation d’un excès de pouvoir des juges et de politisation de la justice, les élus du Rassemblement national ont montré le peu de cas qu’ils faisaient de l’état de droit. Il reste cependant nécessaire de discuter leurs arguments, défend Thierry Pech, pour ne pas laisser sans réponses des mises en cause de la probité et de l’indépendance de la justice.
La dérive populiste consistant à diffuser des fausses informations en s’appuyant sur les peurs des Français n’est plus le monopole du Rassemblement national. En commission parlementaire la semaine dernière, les députés ont voté pour la suppression des zones de faible émission (ZFE) qui visent à lutter contre la pollution de l’air en ville, responsable de 40 000 morts prématurées par an. La semaine prochaine, l’examen de cet amendement arrive en séance publique.
Marine Braud rétablit les faits dont il convient de débattre. Les contraintes imposées par les ZFE sont loin de concerner tous les automobilistes puisque seules quatre métropoles (Paris et Lyon, ainsi que Montpellier et Grenoble dans une démarche volontaire) doivent limiter la circulation des véhicules classés Crit'Air 3, 4 et 5. Si des aménagements peuvent être envisagés pour prendre en compte des insuffisances de la loi actuelle, notamment pour s’assurer que les contraintes ne pèsent pas de manière disproportionnée sur les plus modestes, un renoncement serait irresponsable.
Autre volet de la lutte contre les émissions de GES : la régénération de nos forêts. La forêt contribue à la lutte contre le changement climatique parce qu’elle absorbe et le fixe le carbone. C’est ce qu’on appelle le « puits de carbone ». Mais cette fonction est précisément en train de s’affaiblir, alors même que la forêt française s’étend en superficie. En cause : la dégradation de l’état sanitaire de la forêt en raison, précisément, des premiers effets du réchauffement : le manque d’eau et la progression de parasites nouveaux, notamment. Les dispositifs récents en faveur du renouvellement forestier apparaissent utilisés à contresens explique Frédérik Jobert, et ils contribuent aujourd’hui à réduire la biodiversité. C’est pourquoi il convient de reformuler complètement la politique française de la forêt.
Le réchauffement impose également une réflexion sur l’urbanisme et le logement, particulièrement dans une métropole comme Paris. Après une première contribution de Marion Waller sur la nécessité de prendre en compte l’échelle du Grand Paris dans la prochaine campagne des élections municipales de 2026, c’est Rémi Féraud, sénateur socialiste candidat à la candidature pour le parti socialiste qui présente ici son projet pour le logement dans la capitale. La crise écologique aggrave la crise du logement, c’est pourquoi l’adaptation du parc doit être accélérée pour que la ville reste accueillante à toutes les catégories de la population. Justice sociale et écologie sont complémentaires pour proposer aux parisiennes et aux parisiens un projet de ville résiliente, diverse, active et vivante.
En vue des élections municipales de 2026, nous commençons à publier des contributions sur les politiques locales. Nous donnons ici la parole à Rémi Féraud à propos du logement à Paris. Si la gauche parisienne a mené des programmes déterminés sur ce sujet lors des précédentes mandatures, le logement reste un des sujets de préoccupation majeur pour une grande métropole.
Ils avaient pour consigne de mettre une cravate et de choisir un langage policé. Mais les représentants du RN ont changé de ton cette semaine avec la condamnation à une peine d’inéligibilité, à exécution immédiate, de Marine Le Pen. Ce n’est rien moins qu’un coup de force contre la démocratie qu’ils dénoncent dans cette décision. Un examen précis des arguments s’impose.
Pour un nouveau paradigme forestierpar Frédérik Jobert |
L’attaque contre les ZFE : un cas d’école de l’exploitation des peurs par les populismespar Marine Braud |
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