Après l’année électorale 2024, l’année 2025 commence par des transferts de pouvoir. Trump reprend possession du Bureau ovale à la Maison-Blanche et la Pologne succède à la Hongrie dans la présidence tournante du Conseil de l’UE. Menaces américaines, pressions chinoises, bellicisme russe ou encore défis globaux du climat ou de la sécurité sanitaire : 2025 est l’année de tous les dangers, mais aussi celle où l’Europe pourrait se réveiller et devenir un acteur mondial à part entière.
En janvier, le retour officiel de Donald Trump à la Maison-Blanche sera effectif après son investiture à Washington. On sait déjà, malgré l’imprévisibilité annoncée du Président, que les institutions et les procédures permettant une concertation internationale sur de grands défis communs sont fragilisées. Comment, dès lors, se demandent les économistes Jean Pisani-Ferry et George Papaconstantinou, espérer répondre efficacement au changement climatique, aux risques sanitaires ou préserver la prospérité économique ? Donald Trump veut faire de l’Amérique un leader global mais solitaire qui exerce son hégémonie sur les Etats européens ou le Canada comme celle qu’exercent Poutine ou Xi Jin Ping sur leurs États vassaux. Mais le monde a-t-il besoin d’un hégémon, une super-puissance chargée d’orchestrer la coopération internationale ou, du moins, de garantir le statu quo global ?
L’Union européenne est directement mise en cause par le nationalisme agressif des Républicains américains. La Pologne, qui assume la présidence tournante de l’UE depuis le 1er janvier, fait partie des pays qui plaident pour un renforcement géopolitique de l’Europe. Quel est son programme à la tête du Conseil de l’Union européenne ? La sécurité a été placée au centre de ses priorités, explique l’expert polonais Jan Farfał. Très mobilisée sur les questions militaires depuis le début de l’agression russe contre son voisin ukrainien, la Pologne accordera également une attention particulière au processus d’élargissement.
La guerre russe a relancé le processus de candidature ukrainienne à l’UE. Le chemin de l’adhésion sera lent et complexe mais la mobilisation est forte à Kyiv pour répondre aux demandes européennes. Leo Litra fait le point sur l’avancée des négociations, dont les étapes sont marquées par des rendez-vous réguliers avec les experts européens. Politique agricole, État de droit, corruption, contentieux mémoriels avec les pays voisins… tous les sujets sont sur la table de négociation. Encore faut-il que l’Ukraine, pour être acceptée comme État membre de l’UE, recouvre son intégrité territoriale ou, du moins, sorte de la situation actuelle de confrontation militaire.
De manière contre-intuitive, la guerre n’avait pas mis fin au transit du gaz russe à travers les gazoducs traversant l’Ukraine. C’est ainsi que le gaz russe continuait à approvisionner des pays de l’UE comme l’Autriche, la Hongrie, l’Italie, la Slovénie, la Tchéquie etc. Les accords qui avaient permis le maintien de ce transit ont expiré la 31 décembre dernier. Expert des questions européennes, Laurent Leroy fait le point sur ce qui change dès lors pour les pays européens, mais aussi pour la Russie, privée d’un débouché commercial important, et l’Ukraine, qui percevait des sommes conséquentes au titre du transit. Alors que l’Europe se trouvait au bord d’une crise énergétique en 2022, elle réussit à s’émanciper de sa longue dépendance au gaz russe sans que les consommateurs européens n’aient conscience, lors du passage à la nouvelle année, de cette nouvelle donne énergétique qui se déroule sans heurts majeurs.
LES ARTICLES DE LA SEMAINE
Dans quelques semaines, la Pologne assumera la présidence du Conseil de l'UE, arrivant avec une forte crédibilité en matière de défense et de grandes ambitions pour la sécurité européenne. Pour Varsovie, il ne s'agit pas seulement d'une rotation de routine mais d'une occasion privilégiée de recadrer l'élargissement de l'UE et de l'aligner sur les priorités de l'Europe en matière de sécurité. La Pologne sera-t-elle à la hauteur de l'événement ?
Le régime de Bachar al-Assad avait été sauvé par l’intervention croisée de l’Iran et de la Russie. Aujourd’hui, après la fuite d’Assad et l’entrée victorieuse d’un groupe issu du djihadisme à Damas, trois puissances étrangères bombardent le pays : la Turquie, Israël et les Etats-Unis. Dans une situation très instable, après la célébration de la fin de la dictature, comment le pays va-t-il se stabiliser et se reconstruire ?
Le nirsévimab, commercialisé sous le nom Beyfortus, est un traitement préventif de la bronchiolite. Les polémiques qui ont accompagné la décision de maintenir son remboursement à 30% illustrent la sous-estimation des bénéfices collectifs de la prévention, notamment en termes d’organisation des soins.
Le 31 décembre 2024 marque la fin d'une ère pour la sécurité énergétique de l'Europe. C'est à cette date que l’accord de transit gazier entre l’Ukraine et la Russie expirera définitivement, soulevant des questions cruciales sur l'approvisionnement énergétique de certains États membres de l'Union européenne. Crise à l’horizon ? Opportunité de renforcer l'indépendance énergétique de l'Europe vis-à-vis de la Russie ? L’Europe doit se préparer à affronter ces défis.
Candidate acceptée à l’Union européenne, l’Ukraine a commencé les négociations pour devenir un Etat membre. Le processus sera long et difficile pour un pays en guerre, aux structures étatiques fragilisées et, surtout, qui veut retrouver sa pleine souveraineté territoriale. Mais cette perspective ouvre un avenir à la population qui veut voir au-delà des souffrances de la guerre en cours.
Les Etats-Unis sont en train de renoncer aux responsabilités globales que ce pays assumait depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Heureusement, tous les problèmes mondiaux ne nécessitent pas l’engagement d’une super-puissance. D’autres types d’arrangements, variables en fonction des questions à résoudre, sont à notre disposition pour faire face aux défis collectifs mondiaux.
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